Introduction à
sa pensée
Colloque 2005: Moi authentique et appartenances

 

Catéchèse et authenticité

Gaston Raymond, o.p.
La convergence de la pensée de Lonergan et de la Catéchèse biblique symbolique de C.et J. Lagarde dans la réponse à la modernité

0. Introduction. Problématique.

Christiane Singer, la passionnée de la quête de sens, écrivait en 2001 :

Les institutions ont découragé l'expérience directe, et c'est cet élan qui resurgit en ce moment. Une sorte de libération de l'autorité imposée et de l'idolâtrie sous toutes ses formes qui s'interpose entre l'homme et son expérience profonde. Une recherche énorme d'authenticité. On n'accepte plus l'eau des citernes, on cherche de l'eau de source. "Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ." disait Angelus Silesius au XVIIe siècle. La spiritualité laïque, c'est sans doute ça. Les Églises ont oublié de nous le dire » (Singer Ch., Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi, Albin Michel, 2001, p.15 cf. Actualité des religions.)

Je retiens de diagnostic de C.Singer mais je modifierais ou je mieux je complèterais  son correctif :  « Les Églises  sont en train d'apprendre  à nous le dire pour aujourd'hui. » 

Timothée Radcliffe reprend la même conviction dans un ouvrage récent : « Si notre siècle est tellement marqué par la violence, c’est sûrement en partie parce qu’il a perdu sa confiance dans notre capacité à atteindre la vérité ensemble. La violence est l’unique ressource dans une culture qui n’a aucune confiance dans la recherche commune de la vérité. Dachau, Hiroshima, le Rwanda, la Bosnie : ce sont tous des symbo­les de l’effondrement d’une foi dans la possibilité de construire un foyer commun d’humanité par le dialo­gue. Ce manque de confiance peut prendre deux formes, un relativisme qui désespère d’atteindre jamais à la vérité, et un fondamentalisme qui affirme que la vérité est déjà entièrement en notre possession.

(Timothy Radcliffe, «Je vous appelle amis», Paris, La Croix-Cerf, 2000, pp. 176-180.)

Ces exhortations récentes  rejoignent  un paragraphe de Bernard Lonergan dans Pour une méthode en théologie (p.290) écrit 30 ans auparavant:

« La stratégie du théologien ne consistera pas à prouver sa propre position ni à réfuter les contre­positions, mais plutôt à montrer la diversité qui existe et à signaler les éléments de preuve qui permettront de mettre au jour les racines de cette diversité. De cette manière, il attirera ceux qui apprécient l'authenticité humaine intégrale et il gagnera à sa cause ceux qui réussissent à l'atteindre. En effet l' idée de base de la méthode que nous essayons de développer s'appuie sur la découverte de ce qu'est l' authenticité humaine et sur une manière adéquate d'y faire appel. Ce n'est pas une méthode infaillible, car les hommes demeurent facilement dans l'inauthenticité, mais c'est une méthode efficace, car l'authenticité est à la fois le besoin le plus profond de l'homme et la réussite qu'on estime le plus chez lui. »

Comment cette connexion avec le sujet authentique tel que compris par Lonergan  promeut-elle et s'applique-elle à l'activité pastorale, ici à la catéchèse, un des rôles fondamentaux pour qu'existe une com­munauté chrétienne,  à côté des trois rôles ou fonctions,  sacerdotale( cultuel), pastorale et prophétique? (Bruce Reed Dynamics and Religion, Process and Movement in the Christian Churches,DLT 1978. Ch 8, The Leadership of the Local Church p165-192 ) 5sfp-24.doc

La démarche pastorale doit être analogue, dans sa visée de l'authenticité, à celle du théologien que Lonergan décrivait.

Notons que la huitième spécialité fonctionnelle -Communications- porte sur un ensem­ble dont fait partie la pastorale, éducation de la foi et catéchèse.

Comment cette connexion avec le sujet authentique tel que compris par Lonergan  promeut-elle et s'applique-t-elle à l'activité pastorale, dans ce champ de la catéchèse, où il s'agit de susciter  une résonance - un faire écho - dans la conscience à  la Parole de Dieu.

1. Le contexte depuis Vatican II.

2. Lonergan étudié dans ce contexte.

3. La catéchèse biblique symbolique, réponse à la modernité.

            4. Connivences

1. Le contexte depuis Vatican II. 1.1 Évocation du contexte

Mon travail à travers ce contexte  de bouleversements.

Dès 1960, on savait  que  la réalité  chrétienne  demandait à la fois fidélité et transformations.

Tout étudiant ou jeune professeur de l'époque, même en appréciant certaines choses d'alors,  sentait une ina­déquation aux besoins du temps. Je ne reprends pas le mythe « Grande Noirceur » ( E.Marin­ Meunier et  J. Ph. Warren, Sortir de la « Grande noirceur », 2002)  mais je rappelle que certains avaient souci  d'un changement  plus global.  Je cher­chais un guide ou un ou des maîtres pour tirer du passé ce qui méritait de rester et  détecter, construire quelque chose de différent. En résumé nous entrions dans un grand désert ... où nous sommes encore. Je résumerais le climat en trois mots : élan, illusions, désarroi.

1) Contexte

            Signalons pour mémoire la liste des regards sérieux sur la situation de l'Église au Québec qui jalonne l'histoire de ce contexte.

            1970, Rapport de la Commission sur les laïcs et l'Église (1968-70) présidé par Fernand Dumont

1982,  Situations et avenir du catholicisme québécois : entre le temple et l'exil

1992  AEQ Risquer l'avenir 1993

1995 Grand'Maison J., Le défi des générations.

2000 Les opérations de « Réaménagements pastoraux »  ou Décroître et évangéliser.

 

2) Explications courantes :

            Ce contexte  a  été décrit et expliqué  « sociologiquement » comme une sécularisation et une modernisation menant à la disparition du religieux sous l'impact des sciences et de l'industrialisation. La fin de la chrétienté et  la précarité du christianisme ont suivi. Une prédiction sociologique dominait la pensée :  la religion est appelée à disparaître dans le monde moderne. Bien que depuis trente ans certains notaient que cette prédiction  ne correspondait pas à l'observation de la résistance du religieux.

P.Berger...Facing Up to Modernity (1977.orig 1973),

P. Berger   A Far Glory. The Quest of Faith in an Age of Credulity. 1992

Greeley A.,Unsecular Man  1972 Résistance du religieux mais non retour au passé..

Bibby Réginald sociologue …Fragmented Gods, Unknown Gods
Légaut Marcel, Trilogie,

   Introduction à l'intelligence du passé et de l'avenir du christianisme. Aubier Montaigne 1970.

   L'homme à la recherche de son humanité.id.1971

   Mutation de l'église et conversion personnelle. id  1975

Lemieux &Montminy, Le catholicisme d’ici…IQC 2000

Taylor Ch.,La diversité de l'expérience religieuse aujourd'hui. Bellarmin 2003, orig (Varieties of Religion,

Harvard U.Press 2002) 

Roy P.E. Article  et Revisiter le christianisme. Novalis 2004

Debray Régis, Le Feu sacré. Fonctions du religieux. Fayard  2003

Girard R.,   contre Régis Debray et ce qu'il est convenu d'appeler le " retour du religieux

3) Un séisme inaperçu

            Si nous expérimentions les chocs et le chaos et tentions de nous les expliquer, ce n'est que lente­ment que leur compréhension se précise. Beaucoup d'interprétations de la situation du religieux en Occident ont été élaborées en lien avec les débuts de l'industrialisation. Or nous sommes entrés dans une étape nouvelle pour certains :

(Davie G., La religion des britanniques, 1996 - Thèse : Entre christianisme nominal et fondamentalisme; Hervieu-Léger, Catholicisme, La fin d'un monde, Bayard 2003; Berger Peter L. dir, Le réenchantement du monde, Bayard 2001, p. 99‑128; Taylor Ch., La diversité de l'expérience religieuse aujourd'hui, Bellarmin 2003)

         

La thèse de Davie et de H.Léger : l'effondrement de la conscience traditionnelle avec la société d'abondance.

Les statistiques présentent le paradoxe d'une résistance, même d'un retour du religieux, et simulta­nément d'un déclin des organisations religieuses traditionnelles, en Europe et au Québec. Ce paradoxe commence à être éclairé. Ainsi à partir de ses observations en Angleterre, Grace Davie (Blackwell 1994)  résume le rapport aux églises en parlant du « croire sans appartenir » et pour la France, Danièle Hervieu Léger évoque une situation similaire dans Catholicisme. La fin d'un monde (Bayard 2003). La sécularisa­tion prévue au siècle dernier ne se réalise pas mais ni non plus le retour au passé. Une telle situation est une provocation et un appel  aux quêtes de sagesse, dont le besoin est alimenté par les grandes mutations culturelles.

Ces statistiques répétées documentent ce que chacun a déjà pressenti et demandent une réponse  aux institutions qui étudient les questions ultimes ou de sens que les humains peuvent se poser. Que se passent-ils dans la vie des gens sous les statistiques observées ? Comment nos sociétés en transformation modifient-elles la vision de l'existence de leurs membres ?

Une révolution morale

La transformation que nous vivons sous une forme aiguë résulte d'une cause  qui est la « révolution morale » des années soixante et qui a mis en place une autre configuration du sens de la vie devenue une évidence, connexe à l'abondance dans nos sociétés modernes occidentales. Les individus se comprennent comme entièrement autonomes et refusant toute intervention dans leur vie privée. La transcendance devient purement imma­nente - « faire sa vie comme chacun l'entend », « poursuivre son bonheur » - . « La recherche de l'épanouisse­ment » est considérée de plus en plus largement comme la finalité de l'engagement de chacun dans le travail, dans la famille, dans les relations amicales, dans les loisirs, etc.; … c'est le droit fondamental de chacun à atteindre son bonheur selon les voies qu'il choisit lui-même, telle est la culture contemporaine de l'autonomie indivi­duelle. Selon D. Hervieu Léger, ce grand déplacement s'est produit autour des années 60.

L'individu reçoit de sa culture l'« impératif d'être soi ». Cette approche de la conduite de sa vie le libère d'instances extérieures mais en le rendant responsable de tout, elle introduit une fragilité « moder­ne ». « Le sentiment subjectif d'« être insuffisant » est susceptible de se cristalliser dans des pathologies mul­tiples et de gravité diverse, de l'épreuve du « stress » au suicide.

Un second aspect de cette vision de la vie comme épanouissement de soi et par soi est son incom­patibilité avec la vision chrétienne de la vie où la réussite et épanouissement articule responsabilité humaine et accueil du Mystère de Dieu. La réticence face à l'institution ecclésiale tire une bonne part de son origine dans ce déphasage entre les deux configurations du sens de la vie.  (Hervieu-Léger D., Catholicisme … De la réalisation de soi dans une société où s'efface la peur de manquer. La prédication catholique de l'accomplissement dans l'impasse. p.132-167).

4) L'expérience religieuse contemporaine

On ne se trompera pas en réfléchissant à cette question en recourant à l'ouvrage récent du philo­sophe canadien Charles Taylor, La diversité de l'expérience religieuse aujourd'hui. (Bellarmin, 2003). L'expérience religieuse vit un changement de climat ou couleur. Si autrefois on ressentait au départ sa distance ou inadéquation  au transcendant, d'où la place du péché et de la culpabilité, c'est la confronta­tion au vide et à l'absence de sens  qui l'introduit souvent aujourd'hui en Occident. L'individualisme nourri par les possibilités de la consommation et la centration sur soi ne favorise plus les solidarités tradition­nelles des groupes, de la nation et des églises. « Supposons que nous vivions dans un monde où de plus en plus de gens seraient forcés de quitter les niches confortables dans lesquelles ils pouvaient être croyants ou incroyants en accord avec leur milieu, et qu'ils soient poussés sur la crête, à l'intersection des deux versants (...) Ce monde n'en sera-t-il pas un dont le modèle de vie spirituelle reposera de plus en plus sur des décisions personnelles, obligeant chacun à choisir pour lui-même un parti ou l'autre (...) Nous pouvons imaginer qu'il en sera ainsi de deux façons : la sphère publique sera en plus en plus séculière et neutre, c'est-à-dire qu'il sera de moins en moins possible de permettre au cadre social dans lequel sont prises les décisions individuelles de refléter l'un ou l'autre parti; et le paysage spirituel créé par les choix individuels sera de moins en moins ouvert aux liens collectifs » (p.61).  « Le spirituel n'est plus intrinsèquement lié à la société ». p.98

Si  l'originalité de la conjoncture socio-culturelle courante est reconnue, elle nous avertit ne de pas céder au dilemme contemporain du religieux,  c'est à dire à l'alternative entre le christianisme nominal ma­jo­ritaire et le fondamentalisme, les deux émergeant du même contexte moderne où il faut choisir sa réponse aux questions ultimes. Mais surtout elle nous invite à aborder dans la catéchèse, formation chrétienne ou édu­cation de la foi, le défi de ce sujet moderne à la fois libre et fragile. L'osmose par lesquelles se transmet­taient les valeurs humaines et les convictions religieuses insérées dans un tissu collectif, église ou  nation, doit être remplacée par une initiation et éducation consciente et dont on voit les premiers fruits dans les pro­jets catéchétiques par exemple des diocèses. Mais il s'agit de plus que de nouveaux programmes ou instru­ments. Il faut savoir quel type d'expérience humaine et ensuite religieuse est à rejoindre et est possible au­jourd'hui.

Les chiffres des sondages renvoient à  la situation contemporaine où  de plus en plus de gens se re­trouvent sur la « ligne de crête », c'est à dire libre mais aussi sans rattachement à des traditions. Quand l'osmo­se culturelle laisse la place à la recherche individuelle, les démarches de sagesse deviennent plus importan­tes et plus explicites.

2. Lonergan étudié en regard de ce contexte

            Ce que Lonergan nous a appris ... à travers cette marche au désert. 2.1 Quelques apprentissages

            Notre passé acquis ne suffisait plus mais il n'était pas sans valeurs. Lonergan m'a aidé à respecter la tradition et à la poursuivre devant des problèmes différents. Au lieu de la rupture et de la poursuite de chimè­res, nous avions à vivre un déplacement radical :  passer  de la culture classique à  la culture historique   au  sens que Lonergan donne à ce terme.

            Devant l'explosion du moi - narcissisme, individualisme, subjectivité et la thérapeutique comme reli­gion de la classe moyenne (Christopher Lasch) - Lonergan nous conduisait à la découverte du « sujet » dans sa subjectivité et sa capacité d'objectivité,  aidait à noter  ses déformations, son oubli. Il nous apprend  à remplacer l'évocation de la raison par la découverte en chacun de sa conscience propre en état d'exercice, donc dans sa dynamique. On échappait ainsi à  la pensée conceptualiste, au positivisme culturel dominant, en reconnais­sant et en distin­guant  les niveaux  de conscience caractérisés  par des actes typiques: expérien­ce  sensible et autre, émergence du questionnement selon les niveaux, l'insight, le jugement et la praxis  jusqu'à l'amour. L'esprit nous apparaissait dans sa dynamique immédiate et dans sa portée  et le cycle de son déploie­ment  reconnaissait le « roc caché » d'où surgissent toutes les entreprises humaines, des savoirs aux organisations et aux cultures. La « raison droite » des anciens devenait  une possibilité et une expérience de « learning », d'apprentissage. Et tout autant  pour les courants  se développant dans les divers domaines de la signification:  

            L'attitude relativiste  où tout se vaut pourvu que ce soit énoncé sans pression devenait moins évidente. 

            Au lieu de simplement apprendre, il fallait  observer, questionner,  comprendre, vérifier et mettre ne pratique. Entre ces niveaux progressifs de la dynamique consciente humaine,  un « opérateur » - le question­nement - stimulait la progression. Et je note en passant que l'imaginaire  n'était  pas que le fruit de la « folle du logis ».  Pour  dégager l'intelligibilité d'un groupe de données, pour en avoir un insight et en formuler une explication, hypothèse,  il faut l'esquisser  dans une image :  « insights into phantasmata ».

            Ce tournant anthropologique est formulé à travers l'œuvre de Lonergan et montré comme processus personnel . Cf Le sujet. (1968), dans Lonergan B., Pour une méthodologie philosophique. Bellarmin p.115-137.

Cette appréhension de la dynamique spirituelle du sujet est à l'œuvre dans les diverses connaissan­ces et  même dans le sens commun, dans le travail des humains qui font fonctionner le monde. Elle  structu­rera  le travail théologique, puis d'autres champs du savoir,  l'économie par exemple. Ainsi  l'accumulation  des champs théologiques, en concurrence impérialiste entre eux,  pouvait commencer à s'articuler entre eux. Le travail théologique avait deux faces : l'appréhension de la tradition chrétienne qui rendait possible la con­version ou l'acte de foi et de là  l'élaboration  pour l'avenir de la vision et de l'action chrétienne.

Ces allusions voudraient laisser soupçonner le déplacement  proposé par Lonergan.

Ce qui nous conduit à recentrer la réflexion théologique. B.Lonergan accomplit « le déplacement massif  de la perspective classique de la théologie à celle axée sur le sujet en voie d'achèvement humain et religieux, ce qui  déplace la spiritualité de ce coin - endroit étrange - appelé théologie mystique, ascétique ou spirituelle  vers la position de fondement  de la théologie [foundational position] ». (Moore S., préface de Gregson V., Lonergan, Spirituality and the Meeting of Religions, p.xi). « Bref, Lonergan demande ... à la fois que la self-transcendance du théologien chrétien et de la communauté chrétienne soit pensée comme fonda­trice. La théologie se comprend non pas  comme un commentaire de la doctrine ou des sources bibliques, mais comme une réflexion sur la praxis transformée du sujet chrétien. C'est dire que le foyer de la théologie est la thématisation de la métanoia, de la conversion progressive que vivent les  communautés et le théologien lui-même » (Gregson p.2. : « Foundational théology, understood as reflection on spiritual conversion, is itself a manifestation of reli­gious self-transcendence. ») Le théologien c'est ce croyant qui réfléchit critiquement sur son expérience religieuse et celle de sa communauté.

Le service pastoral, ses ministères - ou ses quatre dimensions, ne consiste pas à vulgariser un champ ou l'autre de « la » théologie, exégèse, droit canon, histoire, etc., mais à soutenir la conversion chrétienne et sa poursuite dans la con­science que la théologie  médiatise entre  religion (chrétienne) et des cultures, dans notre cas passer de la « culture classique » à une figure différente, « historique » au double sens de connaissance du passé comme construit par les humains et de construction en cours  d'univers concrets de vie et de pensée, etc.  Il s'agit de cf Raymond Bourgault sj. passer de la transmission d'un acquis déjà ficelé à un cheminement  d'appropriation, de décision, et de reformulation et de construction. Avec Michael Novak, Ascent of the Mountain and Flight of the Dove, Harper & Row 1971, je pense que le service pastoral doit bien développer les fonctions proches de la conversion que sont la dialectique (les conflits d'horizons) et les fondements qui explicitent la conversion du sujet.

2.2 L' authenticité

Il y plusieurs notions de l'authenticité, pensons à Charles Taylor où a Heidegger.(Piotte JM, Les clés

de la modernité., Authenticité-Taylor Ch_Piotte J.doc,

Heidegger, Hatab Lawrence J., Ethics and Finitude,Rowman & Littlefield, 2000, p.25-7; 77-85; 150-2; 172ss  (79 sur Ch.Taylor; 91-2;93n19; 192n38

Taylor Ch., Les sources du moi. Boréal 2003 (1989)

Olafson F., Principles and PersonsJohn Hopkins Press 1967. 200-8;217-224; 217n
Sartre, Mounier

Wilson James, he Moral Sense.  Free Press 1993 313 p.

            Lonergan en a une compréhension qui sous-tend son œuvre.

Le déroulement de cette dynamique du sujet, si elle subit des gauchissements et refus, reste toujours à l'œuvre en chacun - on peut enfoncer l'œil de l'âme dans la boue mais on ne peut l'arracher de soi, Platon dixit - . L'authenticité sera comprise par Lonergan  comme ce chemin du dépassement de soi  dans la fidélité à cette dynamique qu'il résumera dans les quatre impératifs transcendantaux qui émergent avec la conscience humaine. L'énonciation de la notion de la méthode transcendantale et des impératifs transcendantaux qui la structurent peut être un piège : ils sont plus qu'un objet ou idée devant soi mais un processus que nous nous entraînons à exercer.

« Les fonctions de la méthode transcendantale.

Nous avons invité le lecteur à découvrir à l'intérieur de lui-même le schème original et normatif des opéra­tions susceptibles d'être reproduites, reliées entre elles et qui donnent des résultats cumulatifs et progressifs. Il nous reste maintenant à nous interroger sur l'utilité au les fonctions de cette méthode fondamentale.

En premier lieu, vient la fonction normative. Toutes les métho­des particulières consistent à appliquer, chacune à sa manière, les préceptes transcendantaux : sois attentif, sois intelligent, sois ra­tionnel, sois responsable. Mais avant même d'être formulés en concepts et exprimés en paroles, ces préceptes sont dotés d'une existence et d'une réalité antérieures dans le dynamisme spontané et structuré de la conscience humaine. De plus, tout comme les préceptes trans­cendantaux sont basés simplement sur une étude des opérations elles-mêmes, ainsi les préceptes catégoriaux spécifi­ques sont basés sur une étude de l'esprit tel qu'on le voit à l'œuvre dans un domaine déterminé. Le fondement ultime des précepte transcendantaux, tout comme celui des préceptes catégoriaux, c'est finalement l'importance que l'on reconnaît à la différence qui existe entre l'attention et l'inattention, l'intelligence et la stupidité, la rationalité et l'irrationalité, la responsabilité et l’irresponsabilité[GR1] » Lonergan  Pour une méthode, p.34.

Ces préceptes ou impératifs transcendantaux ne sont pas des conseils  généraux comme il peut sembler mais le renvoi à notre propre expérience en acte d'expérience de questionnement, d'insight, de juge­ment, de décision et d'amour. Cette suite d'énoncés évoque mais trahit en même temps l'expérience philo­sophique dans laquelle nous pouvons entrer …

Apport de Lonergan :

Un point d'appui radical : la dynamique humaine du sujet exprimé en tant que subjective et objective Énoncé par Radcliffe:  L'Église pense que si l'homme se met en recherche de vérité il la trouvera

            Un diagnostic : sur la conjoncture présente.

            Les étapes du processus d'existence humaine ou niveaux de conscience.

            Le dépassement du dilemme autonomie vs transcendance. cf Ferry

Une correction de la vision trop étroite de la « raison » conduisant au conceptualisme, au positivisme et au relativisme.

            N'est-ce pas trop simple ?

             À cela Lonergan répond : l'expérience est facile,  l'insight plus difficile,  le jugement encore plus difficile et la transformation personnelle et collective, encore plus.

Après avoir évoqué le contexte récent d'une recherche chrétienne, le défi constant de l'esprit du temps, l'inspiration et l'ajustement et le processus suggéré par Lonergan, nous passons du fondement (transcendantal) ou dynamique de base à un champ d'application (catégorial) à « une étude de l'esprit tel qu'on le voit à l'œuvre dans un domaine déterminé » …

3 La catéchèse biblique symbolique, réponse à la modernité 3.1 Rencontres

             Je suis arrivé dans le milieu de cet Institut de pastorale après 17 ans d'enseignement au département de philosophie où j'avais toujours gardé en vue la préparation à un service chrétien de mes étudiants. Je m'étais intéressé à l'éducation, sa philosophie, ses pratiques, ses défis en lien avec l'initiation à la philoso­phie : Paolo Freire et la conscientisation, la Clarification des valeurs, la pédagogie par objectifs, la taxono­mie célèbre de Bloom ... l'andragogie. L'approche certes sans oublier  le « contenu », le message, la vision …

Des questions similaires revinrent à la rencontre de ces adultes qui nous fréquentaient pour  refonder leur expérience religieuse  et  leur responsabilité pastorale.   Le souci de l'adulte en tant qu'adulte était très présent et marquait nettement  le fonctionnement de l'Institut, mais je n'étais pas sans savoir qu'une partie de la clientèle – les femmes surtout - étaient appelés à  accompagner les enfants (1984 - reprise par les paroisses de l'initiation sacramentelle). Que faire quand les  meilleures/s  signalent que ce qui se fait  dans les écoles ne  fonctionnent plus? On devient alors attentif aux efforts de renouveau  d'où qu'ils viennent. Ce qui m'a conduit au cours de la première moitié des années 1980 à prendre connaissance  d'articles et d'ou­vrages d'auteurs inconnus, Claude et Jacqueline Lagarde, dont le premier fût Apprendre à dire Dieu. Pour une initiation à la symbolique chrétienne. Centurion 1978.

Sans Lonergan  ma recherche catéchétique en serait restée aux instruments, méthodes, program­mes ou recettes … sans rejoindre le sujet (le moi) en contexte contemporain (appartenances) en quête de réponse à son désir d'absolu … exprimé en d'autres formes.

Catéchèse Biblique Ssymbolique - ces mots désignent une réflexion et un processus de fonctionnement élaboré par C. & J. Lagarde depuis les années 1970 à partir de leur pratique catéchétique. Il ne s'agit pas  d'instru­ments, bien qu'il y en ait, de programmes ficelés offerts aux éducateurs, mais d'une vision et d'une pratique, qui a mon avis est authentique, c'est à dire qui permet d'appliquer à un champ déterminé et de développer la dynamique de l'esprit humain  à partir de l'expérience jusqu' à l'acte de foi.

            Posons en avertissement que la catéchèse n'est pas le catéchisme, ni réservée aux enfants et que le terme symbolique est utilisé par d'autres courants qui lui donne un sens différent. (catéchèse symbolique, Tremblay, etc….)

Pour faire bref, la catéchèse biblique symbolique –  les deux épithètes sont importantes – a émergé de 

- la prise de conscience des impasses de la « catéchèse nouvelle » des années soixante,  donc d'un diagnostic naissant d'une observation des enfants d'abord, des adolescents, et de plus en plus des adultes, vivant une éducation chrétienne,

puis  s'est développé par la découverte conséquente des étapes ou niveaux – ici niveaux de parole – structurant le développement de l'intelligence mise en contact avec les matériaux (données) de la tradition chrétienne-  Bibles, sacrements et autres rites et médiations

-                      l'importance de la prise de parole par le sujet pour que se développe sa propre intelligence de la foi

-                      le souci de faire passer de la lecture positive, naïve ou critique, à la compréhension symbolique de ces  matériaux - afin de conduire peu à peu à

-                      l'accès à  l'acte de prière et de foi. 

Ce faisant, le catéchète assume le « tournant anthropologique » ou invitation et rencontre du sujet dans sa démarche,  unit la dynamique subjective et  l'ouverture à la réalité et objectivité  des mystères chré­tiens. Il échappe ainsi au « conceptualisme » moderne, au psychologisme  centré sur le moi, se connecte à la dynamique du sujet humain et à l'émergence d'une communion dans la recherche de sens et dans une  foi chrétienne. Ajoutons, que se reconstitue ainsi un univers catéchuménal  dont les églises des premiers siè­cles, celles des Pères de l'Église, ont fourni les premiers exemples  que nous tentons de refaire aujour­d'hui dans  les circonstances de  « fin de la chrétienté ».

Catéchèse oui  au sens de démarche de l'intelligence humaine  vers l'acte de foi, la prière, en  prenant les médiations  premières,  la Bible, comme Parole de `Dieu, et  les actes sacramentels. Donc Catéchèse biblique symbolique, sans séparer ce que Dieu a uni,  A.T. et N.T., liturgie et paroles,  sujet et communauté émergente de partage.

            À comparer avec le schéma  Accueil- Vécu- Parole et Engagement. En fait une communication de « valeurs », la première étant au Québec le « respect d'autrui ».  (Cf la place des valeurs dans Grand'Maison, Le défi des générations, 1993).

Ainsi la franchise, la propreté, la justice, l'égalité  et surtout le « respect des autres » sont des termes exprimant des valeurs. Et  on pourra y ajouter des valeurs  apparemment plus chrétiennes comme le partage et l'amour.  Voir dans Ouvrir la parole, Initiation à la foi de l'Église  p. 15 Impasses

3.2 La Catéchèse Biblique Symbolique est d'abord un diagnostic

La Catéchèse Biblique Symbolique comportait un diagnostic sur la situation contemporaine à travers le renouvellement de l'initiation chrétienne. Elle en reconnaissait  l'importance mais c'est justement cet effort qui la conduit au diagnostic de ses impasses. En s'arrêtant à ce diagnostic nous prenons pied dans l'approche méthodique de C. & J. Lagarde en nous rendant capable d'une attention  aux raisons qui la fondent. À chacun de vérifier si   les problèmes signalés perdurent encore. Ils sont résumés dans cette page d' Ouvrir la parole, 1980,

            « Si l'on enseigne les choses religieuses comme on le faisait jadis, l'enfant se tait et comprend ce qu'il peut. Sa parole n'est pas éduquée et il ne lui reste souvent que des formules non assimilées. Si l'« on part de la vie » pour expliquer les vérités de foi, est-ce mieux? Faites l'expérience suivante : Prenez un groupe de jeunes, dans une classe de Cinquième par exemple. Lisez leur un passage d'Écriture et  interrogez-les sur ce que le texte veut dire pour eux. Ils vous répondront : « Il faut s'aimer les uns les autres »,  « Il faut être gentil avec ses camarades »,  « Il faut faire la vaisselle » et quelques autres formules bien connues des catéchètes. Prenez un autre passage d'Ecriture et recommencez :  vous aurez les mêmes réponses. Les techniques inductives dont ont bénéficié ces jeunes ne donnent pas, semble-t-il,  de meilleurs résultats que l'enseignement de jadis en ce qui concerne la production d'un sens (…) L'enseignement (déductif et inductif) produit l'extériorité,  et l'éveil affectif,  une mauvaise intériorité. »

            Donc de la mémorisation des formules abstraites du catéchisme on est passé à une approche  qui veut partir du vécu de l'enfant comme plus tard du vécu de l'adulte.  Et c'est cette solution  -«passer directement de l'expérience humaine sur la quelle on invite à réfléchir à la réalité de Dieu et de Jésus comme Christ en n'utilisant pas le langage de l'Église»- qui produit la banalisation moralisante des réponses d'enfants et souvent d'adultes, quand ils osent les dirent". [Ouvrir la parole  p.15 ] »

            L'adulte  rencontré aujourd'hui dans une occasion de contact pastoral , s'il accepte de s'exprimer,  commencera le plus souvent par resservir cette évocation de valeurs, avec l'amour ou  le respect au centre. A hauteur plus élevée que ne le peut l'enfant, il réduit à quelques idées abstraites le message chrétien. .Les progrès accom­plis en regard du "catéchisme" traditionnel montrent la nécessité d'aller plus loin vers la racine des problè­mes. La vulgarisation de la théologie "académique" et le recours à des instruments améliorés ne suffisent plus.

            La pratique catéchétique a dû poser un diagnostic réaliste; quelque chose qui a pu fonctionner peut-être ne fonctionne plus maintenant. Ne serait-ce pas précisément qu'un mécanisme pédagogique importé de l'école ne correspond pas au fonctionnement de la Révélation ?

Tel est le point de départ de la Catéchèse Biblique Symbolique. Des recherches ont suivi, laborieuses et lentes, enregistrements et analyses des échanges dans des groupes, étonnement devant  les choses étranges dites par les enfants sur des récits bibliques,  refus de corriger les idées immédiatement,  etc. Ce qui a conduit à des découvertes qui sont aussi redécouvertes.

3.3 Le « Chemin de la parole » : Actes de paroles et niveaux de parole

Ouvrir la parole, p.30-50  

3.3.1 La catéchèse biblique symbolique. Sa pertinence

            La catéchèse biblique symbolique ne représente pas un  carnet de  trucs et  recettes, ni  même une méthode parmi d'autres méthodes, mais une théologie et pédagogie du « travail vers la foi ». Elle va jusqu'à l'intervention ou démarche, donc plus loin que la  théologie critique,  par exemple historique ou exégétique, et surtout  elle ne se limite pas à vulgariser une religion « savante » auprès d'adultes ou d'enfants. Remontant jusqu'aux fondements de l'acte catéchétique, elle peut assumer d'autres procédures et en inventer de nou­velles en les faisant fonctionner dans l'axe  d'un acte de foi, que ce soit l'entrée ou initiation ou le développement  de la conversion.

            Qui œuvre à la  mission ecclésiale d'éduquer à la foi , sera  guidé par un profil de la genèse d'un acte de foi,  qui identifie les étapes du développement intellectuel qui peu à peu  transforme le contact ou l'infor­mation apporté par la tradition religieuse en occasion d'entrer dans une expérience du Transcendant à quelque moment que ce soit de son histoire. S'il faut savoir où arriver - l'acte adulte de foi - , on  doit aussi savoir d'où l'on part et les étapes majeures entre ces pôles. L'aventure croyante commence par une entrée dans la foi et un développement ou second regard progressif, en général en lien avec un milieu d'adultes pèlerins engagés dans un itinéraire  non encore terminé.

Cette démarche catéchétique m'a semblé mettre en exercice la dynamique de l'esprit humain dans sa recherche du Mystère à partir de la rencontre des médiations de la tradition chrétienne. Il ne s'agit pas d'une déduction ni d'une communication de la pensée chrétienne mais d'une attention et d'une application  dans la proposition de la foi, d'abord à des enfants, puis à des adultes en cheminement.

            Elle prétend retrouver le « chemin de la parole », la genèse d'une entrée dans l'acte de foi à partir du contact avec des matériaux de la tradition chrétienne.  La sensibilité  précède chez l'enfant, et que de fois chez l'adulte,  l'intelligence de la foi. Mais vient un moment ou chacun doit passer  d'une parole immédiate à une parole analogique ou symbolique, construire une coquille puis la briser.

            La clé ici est l'attention apportée à l'acte de parole,  l'acte d'expression par le sujet  de sa compréhen­sion des médiations avec lesquels il est mis en contact et qui se transforme peu à peu, ce qui est décrit par l'identification des « niveaux de parole » ou de l'acte de parole.

3.32 Les paroles du sujet humain

Quatre   NIVEAUX DE PAROLE

            1 ANECDOTE              bleu                 

            2 RAPPROCHEMENTS            vert     

 

            3 BIZARRERIES                   rouge 

 

            4 SENS FIGURÉ                     jaune   

                                                                       

 

Quatre OPÉRATIONS          ou Temps.

 

1) INFORMATION :                mettre en contact avec l'altérité des récits et des rites.

 

2) CRÉATION :                                    jeux, activités qui font reprendre l'« information »                                                                                    rencontrée      


3) PAROLE LIBRE :                      Animation par le catéchète, après une période de latence, où                                                                           les participants s'expriment librement sur le sens de 1 et 2


4) PRIERE :                                       Moment de célébration, non au sens de jeu mais de prière,                                                             élaborée par les participants.

            Il y a à franchir des « niveaux de parole », des manières successives d'utiliser et d'investir le langage parlé ou écrit pour lui faire produire un type de sens et donc de vérité.

            L'expression « niveau de parole »  se décrit ainsi : « sorte(s) de sens que les  personnes ( enfants & adultes) sont capables de produire sur le langage de foi »     Catéchèse Biblique Symbolique I p.22

            En Catéchèse Biblique Symbolique on apprend d'une façon surprenante que la foi chrétienne a une genèse humaine dont il faut apprendre à discerner les étapes pour y ajuster l'intervention pastorale, ici caté­chétique. Non pas que nous produisions la foi et la grâce du salut, simplement que la proposition des média­tions de salut par l'adulte et leur rencontre par l'auditeur doit suivre un parcours nécessaire. Tel est le « chemin de la parole », les (actes de) paroles que dit l'humain successivement)

            Tel est le cycle des opérations fondamentales pour qu'une catéchèse effective existe à chacun des niveaux. Les étapes sont ainsi défrichées. Ce cycle prend du temps, plusieurs périodes souvent, et les mo­ments ne doivent pas être intervertis. Ils forment un tout entre le premier contact réel avec la tradition chré­tienne et ses « médiations » et l'achèvement dans l'esquisse d'un acte de prière ou de célébration. La « caté­chèse biblique symbolique » repose sur l'identification des niveaux ou types de parole et sur les fonctions mises en œuvre au sein de ces niveaux. On peut l'approcher comme un ensemble pour se guider dans la pratique - donc une pédagogie - mais aussi comme une notion de ce qui doit être réalisé pour qu'il y ait effectivement catéchèse  soit  « initiation à la foi » de l'Église et « accès à un acte de foi » devant d'autres circonstances de la vie.

3.4 Autres traits de cette démarche

·         Imaginaire et dramatique

·         passe par l'imaginaire religieux et la dramatique des récits

·         le symbolique réfléchi et mis en action

·         développement de l'imaginaire, par les ressemblances

·         contact : intérêt et attention

·         analogie et  métaphore : sortie du positivisme contemporain.

·         associe Ancien Testament et Nouveau Testament et sacrements, autres médiations.

·         passage par le sujet de l'extériorité à l'intériorité

·         opérateur : questionnement :  susciter la formulation des étrangetés, étonnement, bizarreries

mais dans un contexte de valorisation des matériaux

·         résonnance :  Kat echo  catéchèse

·         l’intelligence se développe par l'acte de parole de l'éduqué et non par transmission de contenu à apprendre,

·         retrouve la tradition catéchétique de l'Église des premiers siècles et du judaïsme

·         l’expression parlée est le lieu de l'appropriation et manifestation du niveau de parole atteint

·         pas une recette mais une mise en place d'une théorie et pratique du rôle catéchuménal,

distinct des rôles presbytéral (cultuel) , pastoral (soin), prophétique.

·         pas une vulgarisation de la théologie et de l'exégèse.

·         visée : vers un acte de foi

4. Connivences et appuis - Lonergan et Lagarde. 4.0 Introduction

·         de Lonergan  à une  mise en œuvre par C. et J. Lagarde.

·         la pensée de Lonergan m' a permis détecter la valeur philosophique  de la Catéchèse biblique symbolique  et l' audace de sa mise en pratique.

·        « Nietzsche demande : « Dieu est mort … Que sont ces églises sinon les tombeaux et sépulcres de Dieu ». Mais  l'humanisme occidental aussi en grande partie est mort.  Les humains n'errent plus  sous les étoiles silencieuses, écoutant le vent et apprenant à se connaître, en posant ces questions :  « Où  m'en vais-je ?  Pourquoi suis-je ici? »  Ils  ont mis de côté  les mystères de la contingence et de la finitude passagère  au profit des certitudes de la recherche, de la production et de la consommation.  Aussi est-il possible d'oser dire: « L'homme est mort….Que sont ces édifices, ces tunnels, ces routes sinon les tombeaux et sépulcres de l'homme ? »

Michael Novak  Controversial Engagements  Copyright (c) 1999 First Things 92 (April 1999): 21-29.

            Cf Smith Huston, Why Religion Matters. The Fate of the Human Spirit in an Age of Disbelief.. Harper SanFrancisco 2001

4.1 Connivences

·         la Catéchèse Biblique Symbolique n'est pas une déduction de la philosophie du sujet de Lonergan,

·         ni une « application » automatique : L'application pour Lonergan est une démarche plus complexe qu'il ne paraît. L'application de connaissances acquises à une situation concrète,   par exemple un diagnostic, médical, technique etc,  demande un insight propre combinant  quelles connaissances sont pertinentes, quelles dimensions de la situation concrète sont concernées  et comment ces deux se combinent.

·         ni non plus  un champ complètement isolé et sans lien.

·         mais une  mise en œuvre des préceptes transcendantaux  en relation avec des personnes ou sujets  et les matériaux objectifs de la tradition religieuse chrétienne, reçue peu à peu comme Révélation du Mystère  transcendant et reconnu sur les chemins de l'histoire.

Sois attentif

·         attention : non le vécu ou senti d'abord mais les données objectives  dans leur

premier contact avec soi et leur reprise ultérieure.

·         récits, rites, 

·         enjeux présent dans les récits, comme drame de vie ou mort.

·         manipulation des scènes en média autres qui fait entrer en nous l'objet

rencontré.

 

Sois intelligent

                        Questionnement:

Qu'est que cela ?  Pourquoi dit-on cela pour dire autre chose (analogie, symbole,

réalité transcendante.

                        INSIGHT, émergence  de la compréhension, idée, connexion jusqu'aux explications,

hypothèse,  théories

Sois rationnel

                        Est-ce  vrai? Réel ? conforme au réel ?  Et vrai de quelle vérité:

La recherche chrétienne  conduit  plus loin que le senti, que l'idée, jusqu'à l'affirmation,  traduite dans les récits : « Tu as les paroles de la vie éternelle », exprimée dans les articles des Credos. Mais ces récits et affirmations sont vrais autrement que les vérités positives de notre expérience et de nos savoirs.

Sois responsable, jusqu'à être en amour, aime sans restriction

                        Ce qui est expérimenté, compris et vérifié par moi,  que vais-je en faire ?

Une praxis cohérente, qui est invention d'un style de vie, d'une culture et société est appelée par la dynamique humaine quand on lui laisse libre cours. Et en  réalisant cette praxis nous sommes animés par un désir qui entraîne et déborde toutes nos entreprises, l'amour sans condition du Mystère dans lequel nous sommes, vivons et avançons.

4.2 Transmission ou initiation

Paolo Freire a décrit naguère la conception habituelle de l'enseignement comme un remplissage et il  a montré que le véritable apprentissage – p.ex. de la lecture et écriture - devait procéder selon une autre conception pour être efficace. La conscientisation cherchait à mettre en marche  l'obser­vation, le questionnement, la compréhension et le jugement des éduqués. A sa manière cette pédagogie est une mise en œuvre du tournant anthropologique,  du sujet ou personne considéré dans sa dynamique proprement humaine  ou spirituelle.  Elle accompagne la recherche et la découverte progressive par l'éduqué au lieu de l'apprentissage passif.

La prise de conscience du contexte actuel nous oblige à  l'évangélisation, à  offrir des lieux et des démarches de cheminement et de recherche à la portée des différents âges et situations. La plupart des symboles de la foi ne sont plus immédiatement compris et ne peuvent donc pas être présupposés, à commencer par celui de Dieu. C'est ce retournement  qui est difficile. En catéchèse biblique symbolique, on accepte pour tous les âges de commencer  par le commencement et de poursuivre le développement en passant par le « chemin de la parole ».

(Authenticity, on L.’s account, is openness and obedience to the inner norms for raising questions. These inner norms or criteria L. calls the transcendental precepts, be attentive, intelligent, responsible, reasonable, loving. They put us in touch with reality. For L., genuine objectivity is attained only by the authentic subject. Authenticity is human being's “deepest need and most prized achievement" (see chapter Ten 53).   Sauer 4.2 p.122/Méth p.34, 126



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